jeudi 8 octobre 2009

Conjuguer accueil du public et politiques d'ouverture des bibliothèques (1/3)

Journée d'étude ABF Poitou-Charentes-Limousin

8 octobre 2009 à l'IUFM de Limoges


Quelques notes prises au vol, en trois parties :

  1. La conquête de nouveaux publics passe-t-elle par de nouveaux horaires d'ouverture ?

  2. Organisation des services au public à Drancy : pratiques d'hier à aujourd'hui (cliquer ici)

  3. Table ronde : Comment bâtir une politique d'ouverture ? Pour qui ? Comment ? Avec quel personnel ?



La Library 10 à Helsinki


La conquête de nouveaux publics passe-t-elle

par de nouveaux horaires d'ouverture ?

Françoise Gaudet (conservateur à la BPI, service études et recherche)


Entre 2005 et 2007, la situation n'a quasiment pas évolué : 19 h 57 d'ouverture hebdomadaire pour les bibliothèques municipales françaises. Les exemples étrangers, que ce soit dans les pays anglo-saxons, nordiques ou méditerranéens montrent que nous ne sommes pas bons. Il faut toutefois souligner qu'il existe des querelles de chiffres)

Rappel : l'enquête CREDOC a bien montré que les bibliothèques publiques peinent à attirer certaines catégories de la population (ouvriers) ; la courbe des inscrits monte avec la courbe de revenus.

Vaut-il mieux chercher à augmenter la fréquentation ou diversifier les publics ?

La BPI est ouverte à tous, mais est majoritairement fréquentée par des étudiants.

Pourquoi la majorité des Français viennent-ils si peu en bibliothèque, alors qu'ils trouvent majoritairement que c'est bien ?

Cf. enquête CREDOC + travail de Bruno Maresca « Les bibliothèques municipales en France après le tournant internet » :

- manque de temps (toutes catégories confondues) : le rapport au temps a changé

- manque d'habitude (pour les non usagers) – réponse tautologique et grave : conviction que c'est un bon endroit, mais pour les autres.
- méconnaissance profonde de ce qu'est la bibliothèque aujourd'hui, problème de communication, question de l'accessibilité (horaires d'ouverture, surtout mis en avant par les usagers)
- comment garder le public présent tout en attirant un public fragile ?
- problème des horaires compliqués, dissuasifs
- bibliothèques fermées au moment où les gens sont disponibles. A noter : beaucoup de bibliothécaires ne pourraient pas fréquenter une bibliothèque en raison des horaires d'ouverture...

A la BPI (pas de prêts, pas d'inscription), un tiers des actifs viennent après 18 h.

Les pratiques changent : fort développement de la lecture sur place (14 % d'usagers non inscrits en 2005, contre 7% en 1997).

Ces changements ont des répercussions sur d'autres indicateurs :

- les visites sont plus occasionnelles (20 % des non inscrits viennent « régulièrement » contre 60 % des inscrits)

- les usagers viennent moins souvent, mais restent plus longtemps (hausse des visites de plus d'1 heure). A la BPI, le nombre d'entrées baisse depuis 2002, mais elle reste toujours pleine (les files d'attente ne sont pas une légende).

Augmentation de l'offre : multimédia, animations,... On s'attarde, on flâne à la bibliothèque, on y travaille sur place.

Depuis l'arrivée d'internet, on assiste à un profond changement dans les modes de recherche d'informations : par exemple, pour aider les enfants dans leurs études, 50 % des personnes interrogées dans l'enquête du CREDOC disent utiliser internet, 20 % la bibliothèque. On ne va plus en bibliothèque pour consulter une encyclopédie.

L'emprunt de livres reste majoritaire chez les inscrits. Augmentation du travail sur place, y compris avec ses propres documents.


La BPI, un cas d'école :

- bibliothèque nationale, en plein centre de Paris

- horaires d'ouverture très larges, y compris le dimanche (file d'attente moyenne de 1 h 07, 16 mn en semaine, 24 mn le samedi).
- pas les mêmes usagers le dimanche et en semaine
- moins d'entrées le dimanche, mais visites plus longues (5 000 visiteurs en moyenne pour une durée de 4 h 23 le dimanche, plus de 6 000 le lundi pour 3 h 10)
- profil différent : plus de jeunes, d'étudiants (82 % le dimanche), qui fréquentent d'autres bibliothèques en semaine, beaucoup de visites en groupes même si le travail est individuel
- ouverture du soir : à 13 h, les étudiants représentent 82 % des visiteurs, alors qu'à 21 h les non étudiants représentent 50 % du public
- un groupe travaille actuellement sur un éventuel élargissement des horaires pour attirer plus d'actifs (auto-formation par ex)
- à l'occasion de la « Nuit blanche », la BPI reste ouverte jusqu'à 2 h du matin : gros succès
- 44% des retraités déclarent qu'ils viendraient après 22 h : la demande existe.


QUESTIONS DES PARTICIPANTS

* Y a-t-il une section jeunesse à la BPI ?

Non, elle a été supprimée car elle attirait seulement les jeunes du quartier). L'accueil de ce public relève de la Ville de Paris. Toutefois, les enfants accompagnés peuvent venir à la BPI.



* Arrive-t-il que la BPI accueille des adultes donnant des cours particuliers à des lycéens ?

Non. A la BPI, les lycéens viennent souvent en groupe et se partagent les tâches. Une étude est en cours sur les usages du portable.


* Lorsqu'une bibliothèque modifie ses horaires d'ouverture, combien de temps faut-il avant de voir un changement dans la fréquentation ?

A Drancy (gros équipement ouvert 7 jours sur 7), après 2 ans la modification des habitudes est très sensible. Tout dépend de la communication. Une augmentation significative produit des résultats significatifs (à condition que les horaires soient adaptés). Question importante de l'organisation personnelle du temps. Nécessité d'enquêtes en amont. Il existe un « Bureau du Temps » à la Ville de Paris.


* Un groupe de travail vient de se mettre en place à la BPI en vue d'une réflexion concertée avec les bibliothèques municipales, la BnF et les BU. Des contacts ont été pris, la question est en cours de « débroussaillage ».


*Les étudiants ont-ils des problèmes pour fréquenter leur propre BU ?

Des enquêtes ont montré que ce qu'ils apprécient, c'est l'accessibilité (horaires d'ouverture) de la BPI, qui vient en complément de leur BU et de leur BM. Les étudiants sont majoritairement multi-fréquentants.


* Problème des enquêtes : on interroge les usagers et ils sont peu critiques.Parfois peu d'intérêt de la population pour les enquêtes sur la bibliothèque, avec des taux de réponses décevants. Il ne suffit pas de poser une question dans le bulletin municipal.


La bibliothèque de Tampere (Finlande)


1 commentaire:

voyance gratuite par email a dit…

Très bon article, comme toujours. Il a le mérite de susciter le commentaire