jeudi 26 juin 2008

Bye bye !

Les vacances sont presque là. Je retourne à mes amours de toujours. Lecture, promenade, baignade. Silence et solitude. Musique aussi, bien sûr.

Pour moi, l'aventure du blog privessionnel est terminée.

mercredi 25 juin 2008

Lettres de non motivation

Julien Prévieux est artiste. Il y a huit ans, après avoir vainement cherché un emploi, il s'est mis à les refuser tous. Il a décidé de prendre les devants : refuser l'emploi qui lui était de toute façon refusé. Depuis, il a rédigé et envoyé plus de 1 000 lettres de non-motivation en France et à l'étranger.

J'ai, pour ma part, passé un bon moment à la lecture de cet ouvrage décalé et empreint d'humour. Et puis, savoir ou oser dire "non", en cette période où l'on parle à tout va d'offre d'emploi "acceptable", c'est quasi jouissif !

Cliquez sur le widget ci-dessous pour consulter la version en ligne de Lettres de non motivation.

La chanson de l'été


Pour moi, c'est "Baby Blue", sur le dernier album de Martina Topley-Bird (ex chanteuse de Tricky), The Blue God. Certains qualifient sa musique de "blues nocturne". Why not ?

Il paraît que Tricky revient aussi bientôt.

2008, année trip-hop ?

mardi 24 juin 2008

Raconte ta journée (2)

Lorsque je suis partie ce matin, quelqu'un faisait des gammes au piano dans une maison voisine.

Tante Yvonnic n'a pas laissé de nouveaux commentaires assassins au sujet de "mammybib".

Plusieurs posts à relire sur le blog du bibliobsédé : j'ai survolé par manque de temps, mais j'y reviendrai plus tard.

Prévisions pour la journée :
- réunion de Direction ce matin, sans doute jusqu'à midi (l'ordre du jour est généralement chargé et certains chefs de service sont parfois un peu bavards) ;
- déjeuner avec des collègues du centre ville que je n'ai pas vus depuis longtemps ;
- cet après-midi, réunion de la cellule réussite éducative de mon quartier ( je m'attends à quelque chose d'un peu indigeste) ;
- accueil de deux nouveaux stagiaires de 4ème ;
- il faut absolument que je trouve le temps de terminer les plannings de service public de juillet.

J'ai mes affaires de piscine pour ce soir.


11 h -
La réunion a été plus courte que prévu. Devoir de réserve oblige, je ne parlerai ni de son contenu, ni des raisons de son interruption prématurée.
Cela me laisse le temps de faire deux ou trois petites choses jusqu'à midi, et/ou de voir des collègues du centre ville. Je suis un peu éloignée dans ma banlieue, même si je m'en réjouis parfois.

Raconter mes journées, quel intérêt ? Je crois que j'ai besoin d'écrire pour m'y retrouver. Toujours un peu le nez dans le guidon, il m'arrive de me demander en quoi consiste exactement mon rôle de bibliothécaire responsable d'une bibliothèque de quartier et par ailleurs membre de l'équipe de direction. Je rejoins en cela les interrogations que l'on rencontre dans certains commentaires sur les blogs. Bibliothécaire, quel métier ? est d'ailleurs le titre fort bien choisi d'un classique du Cercle de la Librairie.

En passant au milieu des rayonnages de livres, je viens de rencontrer pile poil celui que j'ai envie de lire : Petite philosophie du marcheur de Christophe Lamoure (Milan, 2007). La 4ème de couverture me met en appétit : "L'auteur, promeneur assidu, examine attentivement cette mystérieuse connivence du pas et du mot, du souffle et de l'idée, du muscle et de la pensée. La marche éveille et stimule l'esprit, mais, bien plus encore, elle est une sagesse, une sagesse du corps." Il va falloir que je m'interdise de le lire trop vite si je veux qu'il dure longtemps.

Bientôt 14 h -
Me v'là de retour dans ma bib. Bonjour bonjour bonjour, etc.
Prête à repartir pour cette réunion dans une école du quartier ; ça risque d'être dur dur : il fait chaud, j'ai déjeuné copieusement (en fait, c'était pas avec DES collègues, mais avec LE collègue le plus craquant, tellement chou que je le mettrais bien dans une cage aux bibliothécaires, mais chhhhhhhhht...), c'est l'heure de la sieste et les états d'âme des enseignants me passionnent seulement moyen moyen... Non, j'exagère !

16 h 30 -
Retour de la réunion-bilan "cellule de réussite éducative". Qu'est-ce que j'ai envie d'aller me baigner !
La bibliothèque n'est pas directement impliquée dans cette action co-financée par l'Etat et la Ville, mais j'avais reçu une invitation/convocation de mon autorité de tutelle - brave petit soldat, Nannybib...
J'en ai ramené quelques éléments intéressants :
- 10 établissements scolaires dans le quartier (4 écoles maternelles, 4 écoles primaires, 2 collèges) pour 1729 jeunes. Beaucoup ne sont pas encore inscrits à la bibliothèque, malgré une campagne récente d'incitation : il nous reste de la marge.
- Hiérarchisation forte entre les établissements. En outre, problème de fuite des élèves de la zone pavillonnaire vers d'autres collèges de la ville ou vers le privé.
- Les problèmes de langage (comprendre : maîtrise de la langue française) sont un enjeu social et politique majeur, sur lequel insiste l'élue chargée des affaires scolaires. La bibliothèque a bien évidemment un rôle important dans ce domaine, même si les projets pédagogiques stricto sensu relèvent de l'école.
- Dans le cadre du projet réussite éducative, près de 70 mamans ont pu suivre des ateliers dans les écoles de leurs enfants (français, informatique,...). L'élue leur remet leurs "diplômes" ce soir et précise : "Au départ, j'étais opposée à ce que des femmes voilées entrent à l'école, mais en voyant le résultat, et surtout les sourires de ces femmes, j'ai changé d'avis". Elle ajoute assez malicieusement qu'il n'est pas question d'avoir un taux d'échec scolaire chez les mamans ; l'objectif, c'est 100 % réussite...
- Nous, à la bibliothèque, on veut bien aussi les mamans, voilées ou non (chacun s'habille comme il veut).

Voilà, aujourd'hui, être bibliothécaire c'était assister à des réunions et plancher sur des problèmes socio-éducatifs.
Demain est un autre jour. En attendant, j'ai piscine.



lundi 23 juin 2008

Bibliothécaires dans le vent

Il y a trois bibliothécaires sur cette photo, prise samedi soir lors de la fête de la musique. Saurez-vous les trouver ? Quelques indices :
- celle qui n'a pas besoin de ranger son instrument après le concert travaille en littérature et sciences humaines. Avis aux amateurs : outre son talent, elle a de fort beaux pieds...
- celui qui est bibliothécaire jeunesse n'a pas du tout la tête d'une bibliothécaire jeunesse. Sur la photo, il est caché : il est assez timide mais ça ne l'empêche pas de faire du bruit.
- celui qui a créé le groupe est discothécaire très 2.0 - je suis sûre qu'il en est presque à 3, voire plus. Il vient de refaire le site d'Elliott M. et il a de bonnes vibrations.

N.B. : Elliott M. cherche des dates. Leur répertoire se compose de chansons plutôt pop, tendres, marrantes, doucement ironiques. Le groupe a déjà deux CD à son actif ; le troisième, en cours d'exploration et d'expérimentation, est prévu pour l'automne.



samedi 21 juin 2008

Mon bureau


La cabine du captain

gmtwoner

un ami
gmtw, artiste autodidacte, multisupports, multiinfluences, multitalents, multidiscours, multimecbien...

Centre Trobar...


Qu'es fach, lo Centre Trobar (en Lemosin) es sus la rantiala... Demora mas de zo revirar en occitan e quo 'nira ben...


C'est fait, le Centre Trobar (en Limousin) est sur le web... Il ne reste plus qu'à traduire tout ça en occitan et ce sera parfait...

Academia franchimanda

Veiqui la reaccion de mon amic Maime quante sauguet que los Acadamicians avian copat lo bec a la modificacion de la Constitucion francesa…

La réaction de mon ami Maxime quand il apprit que les Académiciens avait eu la peau de la modification de la Constitution...

Je crois tout de même qu'il faut suivre l'avis éclairé de nos immortels. Je cite :
"Il nous paraît que placer les langues régionales de France avant la langue de la République est un défi à la simple logique, un déni de la République, une confusion du principe constitutif de la Nation et de l'objet d'une politique".


Soit. Plaçons les langues régionales dans l'article 2 et le français dans le 1er. Ca donne ceci :


Article 1. La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. La langue française appartient à son patrimoine.

Article 2. Les langues de la République sont les langues régionales.


Radical militant librarians

Raconte ta journée

Maintenant que j'ai montré mon bureau, il ne me reste qu'à raconter ma vie - après tout, un blog ça sert aussi à ça... Les traqueurs de narcissisme n'ont qu'à passer leur chemin s'ils sont dérangés.

Lorsque j'ai ouvert un oeil vers 6 h 30, j'ai rencontré mon clin de soleil préféré, celui qui annonce une belle plus longue journée de l'année avec fête de la musique. Je travaille aujourd'hui mais avec un temps pareil, collègues et public devraient être de bonne humeur !
P'tit déj' solide en lisant un vieux Télérama : j'aime bien lire la presse avec plusieurs mois de retard, cela permet de bien voir à quel point l'information est périssable, je considère cela presque comme une expérience facile de philosophie quotidienne.
Toilette. Flower. Petit haut léger en vichy. Le clin de soleil s'est décalé mais n'a pas encore disparu. En voiture, j'écoute The Eraser de Thom Yorke. Radiohead sera à Arras le 6 juillet, avec Sigur Ros et The Do. Super affiche, mais évidemment c'est complet.
J'arrive à la bibliothèque à 8 h 45. Personne n'est encore là, tant mieux. Messageries, spams, pas de nouveau commentaire sur le Bibwebzine.
Captain arrive - je lui rappelle qu'il peut mettre une photo de son bureau sur le blog - puis d'autres. Bonjour, bise, bonjour, bise, bonjour, pas bise (elle aime pas), bonjour bonjour bizzz bizzzzzz, etc...
Amandine, la stagiaire de 4ème qui est là depuis le début de la semaine, sera absente ce matin : hier soir elle avait sa première boum et sa mère préfère qu'elle se repose. Tiens, le mot "boum" a repris du service ?
A 10 h j'ai rendez-vous avec une ex-documentaliste qui vient de prendre une disponibilité pour devenir conteuse. Nous la ferons certainement travailler, mais j'ai besoin de mieux la connaître.
Ensuite, il faut que j'avance dans les plannings des deux mois d'été. Je dois aussi préparer une intervention sur le métier de bibliothécaire pour un forum destiné aux jeunes, qui doit avoir lieu le mardi 1er juillet.
A midi, je vais voir si des collègues sont disponibles pour un déjeuner en terrasse.
Cet après-midi, j'assure le service public à l'atelier multimédia de 14 h à 18 h.

Il est 9 h 15, je vais préparer le café.

Je modifierai le texte ci-dessus en cours de journée si par hasard il y a de l'imprévu - on ne sait jamais...

13 h 15 -
L'imprévu, il y en a toujours en bibliothèque !
En fin de matinée, rencontre avec Boubacar D., un jeune anthropologue guinéen qui se prépare à faire une thèse sur l'immigration guinéenne dans la ville et qui habite tout près de la bibliothèque ; je le connaissais déjà, mais nous n'avions jamais eu l'occasion de parler. Il vient souvent à l'atelier multimédia pour consulter Guinee News, tout particulièrement les articles consacrés à la constitution du nouveau gouvernement guinéen, en place depuis un mois et dont la population attend de grandes avancées démocratiques. Boubacar se réjouit qu'il y ait un Ministère de la Réconciliation nationale ; il espère bénéficier, pour son travail universitaire, du soutien du Ministère des Guinéens de l'Extérieur et de l'Intégration africaine. Nous parlons aussi des langues de Guinée, pays francophone très multilingue.

A part ça, merci Captain pour le repas - pas en terrasse, mais de toute façon la terrasse donne sur le parking du supermarché, quand il fait gris on dirait une photo de Depardon, aujourd'hui samedi on dirait plutôt une photo de Martin Parr...

15 h -
L'atelier multimédia est plein d'enfants : une quinzaine, dont la moyenne d'âge doit être environ de 8 ans et demi. L'un d'entre eux est arrivé en rollers. Sur les 500 inscrits, plus de 50 % ont moins de 15 ans. Si un jour ils viennent tous en même temps, étant donné que nous avons seulement 10 postes, ça nous fera un beau désordre ! Ils jouent, regardent des clips, nous demandent d'imprimer des dessins à colorier (Dragon Ball Z, gros succès !). Quelques-uns attendent leur tour en lisant des mangas. C'est à la fois calme et vivant, un vrai plaisir.

Bientôt 17 h -
Le public de l'atelier s'est un peu diversifié, avec l'arrivée de quelques adultes. Une dame reviendra un jour où il y aura moins d'enfants : elle s'est acheté un ordinateur et n'arrive pas à utiliser sa messagerie. Au bout de quelques minutes, elle précise d'ailleurs qu'elle a renoncé à se servir de cet appareil de m*$"##!§!
La bibliothèque est très calme - avec ce temps, les gens ont autre chose à faire que d'être là.
J'ai rempli l'évaluation d'Amandine et nous avons fait un bilan de son stage. Hier, elle s'est couchée à minuit et demi du soir, c'est dingue...!
A l'extérieur , dans le passage qui conduit au centre commercial, les habitués de la kro ont attaqué un gros pack de bière et les cadavres commencent à s'amonceler. Il va falloir, en partant, que je pense à leur demander de ne pas oublier de les ramasser et de les jeter au bon endroit.
Bientôt la fin de la journée (nous fermons à 18 h le samedi) et de la semaine.
A 19 h je vais écouter mon collègue discothécaire chanteur compositeur guitariste Michel (alias Elliott M.). Il est très cool et pop, sur scène comme dans la vie.
Il y aura sans doute pas mal de monde dans les rues ce soir.
J'ai eu à peine le temps d'ouvrir Bibliothécaire, quel métier ? qui devrait m'aider à faire une présentation pas trop brouillonne le 1er juillet.
Cécile a fait un bilan plus personnel du congrès de l'ABF ; lorsqu'elle s'autorise un avis, j'aime bien : c'est toujours très pertinent, bien vu et bien écrit. Les autres blogueurs doivent être à la plage...
Comme je le pressentais ce matin, pas de problème aujourd'hui à la bibli. Juste une rumeur farfelue qui circule au sujet de la modification des horaires d'ouverture, mais rien de sérieux.

vendredi 20 juin 2008

Mon bazar ordinaire

Rien de spectaculaire dans mon environnement professionnel, à part un peu de désordre horriblement banal. Mais si ça peut faire plaisir à Sophie (qui lance une chaîne de "montrer de bureau") et aux autres biblioblogueurs...

Distances

"Ses tout premiers souvenirs étaient des distances : entre lui et sa mère, entre sa mère et son père, entre le sol et le plafond, entre l'inquiétude et la joie. Sa vie entière se résumait à des distances à mesurer, à raccourcir ou à rallonger. C'était un solitaire, toujours à la recherche de nouvelles distances : une façon de conjurer le sort, de dompter les mouvements du temps et de l'espace."

Henning MANKELL, Profondeurs (Seuil, 2008) - traduit du suédois par Rémi Cassaigne

jeudi 19 juin 2008

025.431 : classification décimale Dewey


En guise de clin d'oeil à Melvil (qui vient lâchement d'abandonner son blog à la veille des vacances après un an de bons et loyaux services) et Wilhelmina Dewey, j'ai trouvé ceci sans trop chercher:


345.1240602643, décisions judiciaires sur la preuve dans les pays en voie de développement
.

Couv. ill. en coul. va bien nous manquer !

Richard Serra l'arpenteur

Promenade dans le livre de
Fabien Faure,
Richard Serra : ma réponse à Kyoto
(éditions Fage, 2008)

Enfant, Richard Serra arpente inlassablement les plages californiennes et remarque avec acuité à quel point les trajets retour sont dissemblables des trajets aller.

Il dira : "
Que se passe-t-il lorsque je fais demi-tour pour revenir sur mes pas ? Que se passe-t-il lorsque je tourne à gauche, ou que je tourne à droite ? Que se passe-t-il également au-dessus, ou au dessous de Moi ? Qu'y a-t-il là que je ne peux ramener à une image susceptible d'être mémorisée parce que le flux qui me parvient est continu ?"

Plus tard, entre 1956 et 1964, il travaille régulièrement dans des aciéries de la région de San Francisco pour payer ses études. Artiste, il ne cesse d'affiner sa perception de grands espaces où il installe de monumentales oeuvres d'acier - il avait abandonné définitivement la peinture après un séjour à Florence en 1965-1966, qui occasionne chez lui un détachement affiché vis-à-vis de la perspective.

Marqué à la fois par la
Phénoménologie de la perception de Maurice Merleau-Ponty, par le courant américain de la post-modern dance qui sublime la marche comme mouvement dansé, puis par un séjour au Japon en 1970 où il découvre les jardins zen des temples de Myoshin-ji, il conçoit ses oeuvres comme autant d'expériences phénoménologiques au cours desquelles le spectateur prend conscience de sa propre activité perceptive. Pour lui, "la dialectique de la marche et du regard dans le paysage constitue l'expérience de la sculpture". Il récuse les "homeless objects" de l'art, qui lui semblent abandonnés : lui préfère régler l'oeuvre sur son lieu d'implantation (par exemple, Pulitzer Piece : Stepped Elevation à Saint-Louis Missouri ; Promenade au Grand-Palais à Paris à l'occasion de Monumenta 2008, dont j'ai déjà parlé et qui m'a bouleversée). Très loin de l'attention flottante que l'on associe généralement à l'idée de promenade, il invente la notion de perception déambulatoire, qui conjugue concentration et disponibilité, dans un espace désencombré. Il rejoint ainsi Carl Einstein, qui disait déjà, en 1934 : "On avait oublié que l'espace n'est autre que la synthèse de nos mouvements corporels et de nos émotions dynamiques, dont les symptômes variables sont les objets".

Un seul regret : les photographies de ce livre sont toutes en noir et blanc, comme pour renforcer la réputation d'austérité virile que l'on associe souvent à cet artiste et qui lui est injustement reprochée. Il y manque donc la dimension colorée de l'oeuvre, les roux sombres de l'acier en tension vibratoire avec l'environnement.

Quelques oeuvres à admirer en se promenant : The Matter of Time au musée Guggenheim de Bilbao (si vous ne connaissez pas, allez-y, c'est époustouflant !) , Clara-Clara au jardin des Tuileries à Paris.

lundi 16 juin 2008

Pour réveiller les anges...


... il fallait la musique arc-en-ciel de Radiohead, des jeux de lumière tubulaires et les facéties de lutin de Thom Yorke. Il y avait tout cela au concert des arênes de Nîmes. Et ce furent deux heures de magie pure.




Et comme je crains de tout aplatir en racontant, voici un poème de André Breton :


L'oiseau migrateur

"Sur les murs des petits bourgs, des hameaux perdus, ces beaux signes à la craie, au charbon, c'est l'alphabet des vagabonds qui se déroule : un quignon de pain, peut-être un verre à trois maisons après la forge(...). Ailleurs le petit homme nu, qui tient la clé des rébus, est toujours assis sur sa pierre. A qui veut l'entendre, mais c'est si rare, il enseigne la langue des oiseaux. "Qui rencontre cette vérité de lettres, de mots et de suite ne peut jamais, en s'exprimant, tomber au-dessous de sa conception. (...) Et chacun de nous passe et repasse, traquant inlassablement sa chimère, la tête en calebasse au bout de son bourdon."

samedi 14 juin 2008

Seuls

Deux hommes entrent dans un restaurant.
"Bonjour messieurs, vous êtes tout seuls ?
- Bonjour, oui, nous sommes deux.

vendredi 13 juin 2008

Public 0.0 ?


Le congrès de l'ABF, les bibliothèques 2.0, c'est bien, mais il y a une vie outside.
Lionel est le jeune patron assez branché d'un petit restau espagnol sympa à proximité du Centre des congrès de Reims. Les médiathèques modernes, il n'aime pas trop : trop carrées (il dessine un cube dans l'espace), elles se ressemblent toutes et manquent de charme à son goût. Lui, ce qu'il aime à Reims, c'est la bibliothèque Carnegie avec ses vieux livres ("il y en a même qui sont épuisés"), ses vieux bâtiments, le silence. Nostalgie d'un lieu rêvé, magique. La vraie bib à l'ancienne, quoi ! Je ne lui ai pas demandé s'il préférait aussi les vieilles bibliothécaires, ni s'il regrettait l'époque où les bibliothèques étaient interdites aux chiens et aux enfants...
Il me raconte une histoire de blonde. Une blonde, donc, entre dans une bibliothèque et demande à la (la, bien sûr) bibliothécaire : "Un Big Mac, une frite et un Coca". La bibliothécaire : "Voyons, Mademoiselle, c'est une bibliothèque, ici !" La blonde chuchote : "Bonjour Madame, je voudrais un Big Mac, une frite et un Coca, s'il vous plait". Que ceux qui la connaissaient déjà m'excusent, mais elle m'a fait rire.

jeudi 12 juin 2008

Bon appétit

Inauguration du congrès de l'ABF.
Discours officiels, remerciements, remerciements, remerciements, etc...
Alexandre Steyer, Recteur de l'Académie de Reims : "Les bibliothécaires sont les diététiciens de l'information".
Voici donc le menu que je préconise : en entrée, foie gras de canard avec toasts grillés (évitez le pain de mie, ça ressemble à rien, choisissez plutôt du bon vrai pain de campagne qui sent bon quand il grille) ; ensuite, magret de canard accompagné de pommes de terre à la sarladaise et de salade verte croquante à l'oignon nouveau ; fromage de chèvre qui pue à assaisonner d'ail nouveau ; en dessert, ce que vous voulez. Sur le plan diététique, c'est parfait, tout individu normalement constitué doit pouvoir adapter ce menu à ses besoins : normalement, nous avons dans le cerveau des indicateurs de satiété ; s'ils ne fonctionnent pas, cela relève de la médecine, pas de la bibliothéconomie
Surtout, évitez l'allégé, tant sur le plan culinaire qu'au niveau littéraire, musical ou cinématographique.

mercredi 11 juin 2008

Visites

Paris est parfois une ville assez mystérieuse. Exemple : j'ai fait deux fois le tour complet du cimetière de Montmartre, sans trouver l'entrée. C'est fou, ça ! Je vois plusieurs explications possibles :
- soit je suis nouille au point de ne pas repérer quelque chose qui ressemblerait à une porte - oh non, tout de même !
- soit y'avait une caméra cachée et on va se moquer de moi à la télé
- soit il a fallu entourer les morts de hauts murs pour une raison que j'ignore. Si c'est le cas, c'est plutôt inquiétant, non ? Ouïe ouïe ouïe, j'ose pas y penser !!!
- soit ce cimetière est réservé aux sportifs capables d'escalader comme qui rigole un mur d'enceinte de plusieurs mètres
- soit les plus hautes autorités considèrent que les vivants ont autre chose à faire que se balader dans un cimetière.

Je me suis consolée avec le Père Lachaise, dont j'ai trouvé l'entrée sans difficulté. Mais... je n'ai pas trouvé ce que je cherchais. Sans vouloir critiquer, je trouve ce cimetière assez mal rangé, ce qui ne facilite pas la recherche.

Au fil de mes randonnées parisiennes, j'ai rencontré deux très jolis noms que je suggère comme pseudonymes à ceux qui voudraient sortir un jour de la secte des anonymes zanonymes qui passent sur les biblioblogs et souhaitent y laisser des traces :
- Hégésippe Moreau (rue du 18ème arrondissement),
- Thinelle de Beurville (tombeau au Père Lachaise).
C'est tout de même plus classe que "anonyme", non ? Et le panache, bordel !

Arts & Littératures 2008 - Roussac



tot lo programa aqui

SPAMS

Oc
Quante ai doas minutas per zo far, me platz de legir los titres daus spams que reçaube chasque jorn sus mas boitias mail (pas tots, que me ne’n manden ‘na centenat per jorn)… Los deibre pas, de segur, pr’amor qu’ai pas dau tot enveja de varonar mon PC, mas nonmas legir los titres… Los puiridors dau Net se carculen força per nos trobar de titres ‘crochadors, mas finalament son sovent risoliers… I’a dos temes que tornen dins los tres quarts daus spams : lo business e la sex size
Lo spam dau jorn : African Bushmen reveal genital growth mysteries

Fr
Quand j’ai deux minutes pour le faire, j’aime bien lire les titres des spams que je reçois chaque jour sur mes boites mail (enfin, pas tous, car ils m’en envoient une centaine par jour)… Je ne les ouvre pas, bien sur, car je n’ai pas envie de véroler mon PC, mais seulement lire les titres… Les pourrisseurs du Net réfléchissent dur pour nous trouver des titres accrocheurs, mais finalement ils sont souvent drôles… Il y a deux thèmes qui reviennent dans les trois quarts des spams : le business et la sex size
Le spam du jour : African Bushmen reveal genital growth mysteries

mardi 10 juin 2008

Parce que je le vaux bien...

Paris est une ville incroyable. Je marchais tranquillement vers le cimetière Montparnasse, lorsqu'un inconnu qui portait un bouquet de fleurs s'est approché de moi et m'a dit : "Ma copine vient de me larguer, si vous voulez ces fleurs, je vous les offre". Non, dingue, presque comme dans la pub ! J'hésitais entre le oui et le non, mais il m'a flanqué le bouquet dans la main... et il a filé. Je n'ai même pas eu le temps de lui dire "parce que je le vaux bien" en ondulant du cheveu et dodelinant des hanches, comme dans la pub, que l'inconnu avait disparu !
Bon ben, les fleurs, c'est bien beau, mais je ne sais trop qu'en faire, étant seulement de passage dans la capitale. Les offrir à un inconnu ? Mais les inconnus, il y en a des millions dans cette ville ! Alors lequel ?

lundi 9 juin 2008

Promenade

Comme le dit fort bien Alexia Guggemos sur son blog Déliredelart, lorsqu'on entre dans la nef du Grand Palais pour voir l'oeuvre de Richard Serra "Promenade" (Monumenta 2008, jusqu'à dimanche prochain), on a tout d'abord l'impression qu'il n'y a rien sous la verrière. Ce rien génial, d'un poids total de 75 tonnes, ce sont cinq plaques d'acier dressées vers le ciel comme pour capter la lumière et en jouer, épaisses de 13,8 centimètres, hautes de 17 mètres et larges de 4 mètres. Et ce rien, ces plaques rectangulaires, on peut rester des heures à les contempler, à se promener entre elles, avancer, reculer, les contourner, s'éloigner, regarder les autres promeneurs avancer, reculer, tourner autour, s'éloigner. Par leur monumentalité et leur simplicité, leur évidence, elles modifient les unités de mesure ordinaires. Elles en deviennent musicales. On peut s'amuser à en faire disparaître une, deux, trois, quatre, les décaler pour voir apparaître comme un chemin du milieu, s'approcher pour voir leur sommet se courber - j'ai beau savoir que c'est une illusion d'optique, l'expérience est étonnante. J'aurais juste aimé un énorme orage sur la verrière pendant cette "promenade", malheureusement il a fait beau.

Ces plaques ont été fondues dans la loire, à l'usine Industeel - Arcelor Mittal. Il a fallu dix jours pour les transporter. L'oeuvre à vendre, à moins qu'elle n'ait déjà trouvé un acquéreur haut de plafond et solide de plancher.

Lien

dimanche 8 juin 2008

Partir

Encore un train. Des hôtels. La pluie.
Il paraît que l'âme voyage moins vite que le corps. L'intranquillité est là : s'éloigner de soi-même.
Le train force le brouillard. Je deviens brume, je bruis. Les mots cherchent leur chemin, je les laisse aller.
Naï naï, choun choun, der der, je m'endors.

samedi 7 juin 2008

Les séjourneurs

Nous avons, parmi nos lecteurs réguliers, une vieille qui pète. Ne riez pas, c'est un réel problème car elle est capable à elle toute seule de vider la salle adultes (sauf les pauvres bibliothécaires qui, eux, sont obligés de rester). Et ce n'est pas tout ! Non seulement elle pète et ça pue, mais elle écrit sur les livres et sur les périodiques - elle "corrige les fautes". Et lorsqu'elle est prise sur le fait, puisqu'elle fait ça sur place, elle hurle que VRAIMENT PERSONNE N'AIME LES LITTERAIRES!!!!

Visite guidée


Ramdane a 11 ans, il est intelligent et il a le plus beau sourire du monde. Il veut devenir médecin. Il vient à la bibliothèque de son quartier presque tous les jours, mais n'a jamais vu celle du centre ville, beaucoup plus grande, plus belle. Je l'ai donc amené en visite là-bas : un peu plus d'une heure de bus aller-retour à discuter de choses et d'autres, une heure pour lui montrer les lieux, les fonds (même ceux que le public ne voit pas), la tapisserie de Rachid Koraichi, la mosaïque du 1er siècle,... Et surtout - ce qu'il attendait le plus - les fonds mangas et DVD fantastique.

Il a été un peu déçu : tout ce qui l'intéressait était déjà emprunté, et la bibliothèque ne ressemble pas du tout à ce qu'il imaginait ; il la voyait comme ça, mais ce sont les halles (ci-dessus), alors qu'elle est plutôt comme ci (à gauche).

Des tablas dans ma bib

Nous, à la bibliothèque de Beaubreuil (Limoges), on aime bien la musique vivante. Surtout quand le musicien vient de Pondichéry (ça fait rêver, non ?), qu'il est un maître es-tablas et qu'il s'appelle Sree Debasish Dass - Pintoo pour les intimes. Nous le retrouverons pour un concert-rencontre le 18 juin à partir de 14 h 30.
Une bonne occasion pour fêter à la fois la musique et l'arrivée de l'été - euh, enfin, Pintoo on est à peu près sûrs qu'il sera là, mais l'été, on sait pas...


vendredi 6 juin 2008

Fauteuil à bouquins


J'adore déliredelart, le blog d'Alexia Guggémos, la créatrice du premier musée virtuel du sourire. Aujourd'hui, elle a déniché LE fauteuil que je voudrais, conçu par le designer allemand Nils Holger Moormann. Un peu cher, certes (2700 €).

Moche, encombrante et violente

##*@!!!#&!! La garce, elle m'a encore eue ! Je passais sans la regarder et elle m'a filé un vilain coup en haut de la cuisse, cette sournoise ! En plus, qu'est-ce qu'elle est moche, là, au centre de l'espace adultes ! Aussi avenante qu'un poing américain ! Et elle en prend, de la place, elle s'étale ! Non seulement elle est vilaine, mais on ne voit qu'elle ! Que je la hais, cette banque de prêt malcommode ! On dirait que lorsque la bibliothèque a été construite, on a d'abord installé la bibliothécaire sur un siège, puis on a construit la banque de prêt autour d'elle pour la protéger, avant de bâtir la bibliothèque autour de la banque de prêt au centre de laquelle trônait la bibliothécaire ! Et on l'a voulue agressive (la banque de prêt, pas la bibliothécaire...), violente même, dessinée comme un cercle avec des arêtes ! Ah, fallait y penser, quelque chose qui semble rond mais qui en fait est pointu !
Mais je me vengerai ! Elle va mal finir, cette mocheté...

jeudi 5 juin 2008

monde gialat... frozen people...

oc
quò deu esser ‘n’estranha sensacion de veser quò-‘qui, segur…
Aime beucòp la reaccion dau monde que borren dins las mans a la fin, mai los comentaris…

fr
Ça doit être une étrange sensation d’assister à ça, c’est sur…
J’aime beaucoup la réaction des gens qui applaudissent à la fin, et leurs commentaires…

aqui

Pour un anniversaire


Pour préparer les festivités du 10ème anniversaire de la belle bibliothèque du centre ville, nous avons été invités à enregistrer de courts extraits de livres que nous aimons, de rencontres, de musique, de films, qui seront ensuite retravaillés par un artiste en vue d'une installation.
J'ai choisi :
- les 30 premières secondes du "métèque" de Joeystarr,
- quelques paroles d'une rencontre avec le philosophe François Jullien et son éditeur du Seuil, Thierry Marchaisse,
- un extrait du très beau texte de Lydie Salvayre Le vif du vivant, publié aux éditions Cercle d'Art en 2001, accompagné de dessins extraits des carnets de Picasso datés de 1964.

"A Picasso, les corps suffisent. Les corps pour ce qu'ils sont. Et sans le secours de ces lectures ajoutées que certains font encore entre leurs lignes. Assez, de lire entre les lignes. Assez. Assez des sous-entendus et des arrière-mondes. D'autant que Dieu est dans la merde, comme le chantait Ravachol avant qu'il ne soit raccourci.
A Picasso les corps suffisent ainsi que les objets les plus triviaux et les plus pauvres qui entrent en leur contact et dont on peut tirer des visions de merveille.
Voilà, tout est là, déclarera Cézanne à ses invités médusés en posant sur la table une cruche grossière.
Voilà, tout est là. Car la réalité, écrira le pauvre Antonin Artaud, est terriblement supérieure à toute histoire, à toute fable, à toute divinité, à toute surréalité.
Redire. A Picasso les corps suffisent. Il les aime. Ils le comblent. Les corps, tous les corps lui semblent des chefs-d'oeuvre. Ils sont le lieu de la peinture, qu'elle les figure ou pas, là n'est pas la question. Et il suffit qu'il les dessine pour que l'infini à lui se révèle. Car les corps sont infinis. Et l'on peut infiniment les découvrir, infiniment chercher le ciel qu'ils cèlent, infiniment apprendre leur grammaire, comme déjà l'exhortait Quintilien. Infiniment, voluptueusement."

Manga à la bibliothèque de Limoges









Face au débat sur l'ouverture des bibliothèques, la bibliothèque de Beaubreuil à Limoges a décidé d'ouvrir 2 heures supplémentaires le mercredi 11 juin!
A cette occasion, la bibliothèque accueillera Patrick Gaumer, critique et journaliste de bande dessinée, pour une rencontre autour du manga et de ses spécificités.
Si vous êtes dans les environs, rendez-vous à la Bfm Beaubreuil de 18h30 à 20h30.

mercredi 4 juin 2008

Horaires de fermeture

Il est souvent très utile d'observer le réel par en-dessous, de le banlever* pour voir sa face cachée.

Prenons le cas des bibliothèques publiques, par exemple. On s'interroge beaucoup sur leurs horaires d'ouverture, que l'on dit insuffisants ; mais on se pose peu de questions sur leurs horaires de fermeture. Voici ceux de ma bibliothèque de quartier :
- lundi : de 0 h à 24 h,
- mardi : de 0 h à 14 h, de 18 h 30 à 24 h,
- mercredi : de 0 h à 10 h, de 12 h à 14 h, de 18 h 30 à 24 h,
- jeudi : de 0 h à 14 h, de 18 h 30 à 24 h,
- vendredi : de 0 h à 14 h, de 18 h 30 à 24 h,
- samedi : de 0 h à 10 h, de 12 h à 14 h, de 18 h à 24 h,
- dimanche : de 0 h à 24 h,
soit un total de 142 heures de fermeture par semaine, qui permettent à nos usagers biblio-addicts de faire tout autre chose que se livrer à leur vice.

Je sens que la bibliothéconomie farfelue vient de faire un pas décisif !


* banlever : verbe que l'on rencontre en patois de basse-Corrèze - je ne sais pas s'il existe en occitan distingué, il faudra interroger Gaucelm. Signifie tout simplement renverser, faire basculer. La langue française devrait l'adopter.

mardi 3 juin 2008

Projets d'avenir

Yassin (10 ans et demi) : "Oim, quand chrai grand, j'veux êt' caillera"

Nannybib : "Ce n'est peut-être pas une très bonne idée. Si tu veux, on regarde ensemble des livres sur les métiers"

Ouvrez !

Panneau sur la devanture d'un boutiquou, dans un joli petit village du nord du Lot :

Fermé pour cause de

POUR CAUSE
QUE CA VOUS REGARDE PAS !!!!!!

J'ai pensé aux bibliothèques...

lundi 2 juin 2008

Aimer, oublier, retrouver

Joie de retrouvailles avec un roman que j'avais lu, aimé, conseillé comme LE livre à lire début 2005, puis qui avait tout à fait disparu de ma mémoire, emporté sans doute par des ciels trop variables : La théorie des nuages de Stéphane Audeguy (Gallimard). Bonheur de travailler en bibliothèque : il était bien en évidence avec les livres rapportés samedi, prêt à repartir vers une autre annexe... Je l'ai donc redécouvert, intact, comme si c'était la première fois - un peu honteuse tout de même de cet oubli. Et je le re-aime.

Virginie Latour est bibliothécaire. Elle est recrutée par Akira Kumo, grand couturier japonais parisien, avec pour mission d'inventorier, mettre en ordre et cataloguer sa collection d'ouvrages et documents de toutes sortes consacrés exclusivement aux nuages. Puis il la charge de se procurer un mystérieux "protocole Abercombrie", récit de voyage datant de la fin du 19ème siècle, détenu par l'héritier de son auteur, un savant fou de nuages. Au fil du roman, on découvre des peintres de nuages, des théoriciens de la pluie et du beau temps, des chasseurs de nuages, les premiers météorologues, mais aussi quelques nuages peu sympathiques comme celui d'Hiroshima auquel Akira a survécu.

Il m'a été difficile de sélectionner un seul extrait ; chaque moment de ce livre m'enchante...

Leur rencontre
"Le premier jour, Virginie s'est aperçue brusquement qu'un homme se tenait à sa droite. Elle s'est tournée vers lui et lui a souri. Un homme petit, très sec, presque décharné, qui se meut avec une élégance tranquille et des lenteurs d'iguane. Presque sans autre forme de procès, il s'est mis à lui parler. Il a dit que, pour ranger sa bibliothèque, il convenait de comprendre à quoi exactement elle est consacrée. Les coups de foudre existent en amitié plus souvent, plus sûrement qu'en amour. Virginie Latour aime immédiatement cette voix douce et boisée, légèrement flottante ; Akira Kumo n'a cessé de parler, de Londres et des nuages, d'un certain Luke Howard.
La semaine suivante, Akira Kumo l'attendait en haut. Virginie Latour se demande s'ils ne devraient pas commencer le classement. Mais il semble que le vieil homme ne soit pas pressé."

Un peintre de nuages
"Pendant des heures, Carmichael attend. Il n'attend évidemment pas, bêtement, l'inspiration ; il n'attend pas davantage une belle disposition des nuages, car toutes les dispositions de nuages, à qui sait les contempler, sont également intéressantes. Il attend simplement que la peinture se lève en lui comme une turbulence, qu'elle se forme imperceptiblement, justement comme font les nuages, il attend qu'elle s'agrège à travers tout son corps, pour qu'enfin la beauté du ciel imprègne le papier. Carmichael attend, comme si lui-même était un nuage. Alors seulement, il peint."

Stéphane Audeguy a publié aussi, toujours chez Gallimard
- Fils unique, une biographie romancée de François Rousseau, frère aîné de Jean-Jacques (2006)
- Petit éloge de la douceur (2007)
- Les monstres : si loin et si proches (2007)