vendredi 20 février 2009

Nolla, yksi, kaksi...

...kolme, neljä, viisi, kuusi, seitsemän, kahdeksan, yhdeksän, kymmenen (de 0 à 10 en finnois : ce n'est pas si compliqué, il suffit d'apprendre ça par coeur et de le déclamer ou, mieux, de le chanter comme une petite ritournelle. On se sent tout de suite ailleurs).

Encore un peu de vocabulaire :
- kirja : livre
- sana : mot
- sanakirja : dictionnaire (en connaissant les deux premiers mots, on en comprend un troisième)
- kirjasto : bibliothèque
- kirjakauppa : librairie
- kirjoittaa : écrire
- kirjailija : écrivain
- kirjaaminen : inscription
- kirjoittautua : s'inscrire
- puhua : parler
- puhutko ranskaa ? : est-ce que tu parles français ? (en Finlande, tout le monde se tutoie)
- jäätävä : glacial (je ne sais pas pourquoi, mais celui-ci me semble facile à retenir)

- joo / ei : oui / non
- sori : sorry
- hyvää huomenta : bonjour (le matin)
- hyvää päivää : bonjour (après-midi)
- hyvää iltaa : bonsoir
- päivää : salut (on peut dire aussi "moi moi", où est une diphtongue).

Voici notre beau programme de visites de bibliothèques :
- Kirjasto 10 à Helsinki
- Viikki library à Helsinki
- bibliothèque de quartier de Pohjois-Haaga
- Rikhardinkatu library à Helsinki
- bibliothèque Sello à Espoo
- bibliothèque Apple à Espoo
- bibliothèque centrale de Metso à Tampere.

Xavier Galaup a consacré aux bibliothèques finlandaises des billets très documentés et bien illustrés : ici et . Une mine d'informations ! En complément, on trouve aussi beaucoup d'éléments intéressants sur ce site dédié aux bibliothèques finlandaises (en anglais).

jeudi 19 février 2009

Sikahieno !

Minä olen ranskalainen. Olen työmatkalla. Olen oppinut muutamia sanoja kirjasta. Minum pitää mennä kirjastolle lukemaan meilit.
(Je suis française. Je suis ici pour mon travail. J'ai appris quelques mots avec un livre. Je dois aller à la bibliothèque pour lire mes mails).

A chaque fois que je découvre une langue que je ne connais pas, c'est l'enthousiasme, je me sens toute neuve ! Alors, m'initier au finnois pour un voyage d'étude en Finlande organisé par l'ABF Limousin-Poitou-Charentes, Sikahieno (super) !

Quelques caractéristiques de cette langue :
- pas de verbe "avoir"
- pas de genre (beaucoup de langues s'en passent...)
- 15 cas, dont un pour exprimer l'absence (je me dis que le finnois aurait pu intéresser Jacques Lacan...)
- les dernières lettres de l'alphabet sont ä et ö (il vaut mieux le savoir pour consulter un dictionnaire).

Quelques mots utiles pour passer de "en ymmärrä mitään" (je ne comprends rien) à "ymmärrän vähän" (je comprends un petit peu) :
- livre : kirja
- bibliothèque : kirjasto
- littérature : kirjallisuus
- lire : kukea
- une pression : tuoppi
- une autre pression s'il vous plait : toinen tuoppi kiitos.

Pour cette initiation très rapide - il me reste deux jours avant de partir - j'utilise Parler le finnois en voyage (Harrap, 2006) de Hélène Challulau et Kaisa Kukkola.

jeudi 12 février 2009

Bib-docs effervescents

Un nouveau site vient juste de naître chez les bib-docs : La box des bib-docs effervescents. Créé par trois étudiantes de licence professionnelle Métiers des bibliothèques et de la documentation (université de Limoges), il a été pensé comme une boîte à outils très pratique à destination des étudiants. On y trouve des fiches pratiques, des notes de cours, une webothèque, des parcours de professionnels, des renseignements sur les formations, un forum, des coups de coeur,... Bravo aux effervescentes Aurélie, Alice et Fanny !

dimanche 8 février 2009

Ma bonne e-toile (9)

Ma bonne e-toile était partie s'aérer sous d'autres cieux et nous a donc fait faux bond la semaine dernière, mais la voici de retour pour une nouvelle sélection de liens commentés.

C'est toujours un grand plaisir, le week-end, de retrouver, relire lentement et attentivement les billets que j'ai mis de côté sur Delicious durant la semaine (après les avoir parfois seulement survolés par manque de temps), prendre le temps de regarder des vidéos ou d'écouter des émissions.

"La veille documentaire est un sport de combat" sur Bibliobsession 2.0
Silvère veille, partage généreusement et explique comment il veille et partage. D'accord à 100 % pour considérer que c'est un sport de combat qui requiert une pratique quotidienne, de l'organisation et une belle endurance...


"La sélec" n° 2 sur le site de la Médiathèque de la communauté française de Belgique
Un magazine numérique imprimable, d'excellente qualité, proposé tous les deux mois par nos amis discothécaires et vidéothécaires belges. Une sélection d'une quarantaine de disques, films et jeux où son et images s'articulent pour nous raconter le monde. Le n° 2 est en ligne depuis le 15 décembre : au sommaire, l'Amérique afro-américaine, la lenteur, chanteuses et mélodies acoustiques, réalité dans la fiction. Le n° 3 sera disponible à partir du 20 février. En bonus, chaque numéro propose un chouette poster.

"Paris en verlan" sur Pascaline Vallee's Veblog
Le hip-hop se serait-il assagi ? Le rap serait-il devenu socio-cul ? Que reste-t-il d'authentiquement contestataire dans la culture de rue ?

"L'immigré dans la BD, de l'ombre à la prise de parole" sur Télérama.fr
Mogniss H. Abdallah, interviewé par Thierry Leclère, s'intéresse à l'histoire de la représentation des immigrés dans la BD et le dessin de presse. A écouter en 10'8''.

"Réponse à une enquête de Télérama" sur Le tiers livre
François Bon se refuse totalement à sélectionner dix livres : "la littérature est un seul corps qui se renouvelle en se traversant lui-même", dit-il. Un billet bouffée d'oxygène où s'invite Bartleby.

"Ecrire à l'ère de la distraction permanente" sur Framablog
Traduction d'un billet extrêmement utile de Cory Doctorow, "Writing in the age of distraction".

"De Tarnac à Tchernobyl en passant par Wall Street" sur 24 heures philo
Frédéric Neyrat met philosophiquement en crise le concept de crise. A lire et réfléchir pour voir plus loin.

"Les invisibles se montrent" sur Novövision (Editö)
Narvic en "blogueur envoyé spécial sur le pavé parisien". Avec un diaporama de la "manifestation invisible".

"On saura toujours tout en lisant le Télégramme de Brest" sur On est mal
Où des journalistes de la PQR (presse quotidienne régionale) se transforment en "mojos" (mobile journalists)...

"Takashi Murakami au musée Guggenheim de Bilbao" sur Déliredelart
Il est beau, il est beau, le musée de Bilbao, qui accueillera Takashi Murakami pour une exposition exceptionnelle du 17 février au 31 mai ! Voilà une belle idée destination pour un week-end de printemps ! Et puis, j'aime bien le blog d'Alexia Guggémos, également créatrice du Musée du sourire...


"Dico du cul voyageur" sur Libération.fr
Terminons sur une note légère et francophone avec un article fort goûteux sur le Dictionnaire érotique de la francophonie publié par le philologue belge Georges Lebouc (Ed. Racine, coll. "Autour des mots", 2008).

samedi 7 février 2009

En attendant Ariel et Magyd (1)

"Le bruit de nos deux assiettes que j'empile claque aussi fort qu'une soirée inutile qui conclurait une journée épuisante. La fatigue la fatigue la fatigue. Mon père ne me dit plus rien. Il répète Faut que je dorme. Bon à rien, il ajoute. Il regarde le fond du couloir, tergiverse, pourquoi ne pas se déshabiller tout de suite, se laver les dents, dormir. Il résiste. Si c'est pour se coucher après le travail, le cours et le dîner pour repartir le lendemain, ça ne vaut pas le coup de vivre. Alors il puise. Il pisse et revient, s'affale sur le canapé, fouille les coussins, met la main sur la télécommande. Il tient, il veut de la lumière dans les yeux pour le garder en éveil. Il allume la télévision. Les yeux ouverts, les oreilles avides. Son corps réclame des couleurs vives, des décors scintillants, des lumières fortes, des visages maquillés, des sourires à la caméra, des prompteurs cachés, de l'action, des fous rires, des chutes, des chansons connues, des anecdotes, des bouts de la vie des autres, des pleurs, des génériques, des listes qui défilent sur l'écran, très vite, des spots de publicité courts et drôles, encore de la drôlerie, quand on rit le corps ne s'endort pas, et des jolies filles, des petites brunes assises au premier rang, décolletées, des filles qui sous-entendent qu'elles sont des salopes, qu'elles font des trucs sexuels qu'aucune fille ne fait, et c'est ainsi qu'il veut qu'elles dansent devant lui les jambes écartées, et mon père, s'il avait l'énergie de relever son cul du canapé, il lècherait l'écran."

Ariel Kenig, La pause (Denoël, 2006)

Ariel Kenig et Magyd Cherfi
seront les invités de la Bibliothèque francophone multimédia de Limoges
(Bfm Beaubreuil)
les 10 et 11 avril, pour une série de rencontres avec le public.

lundi 2 février 2009

Mauvais temps pour les livres de sciences humaines et sociales

La Fondation Maison des Sciences de l'Homme organisait ce week-end la 3ème édition des "Rencontres du livre de sciences humaines" à l'espace d'animation des Blancs-Manteaux (Paris 4ème). Ces rencontres, ce sont 130 éditeurs et plus de 20 tables rondes et conférences. Je n'ai pas pu assister à tout, puisque plusieurs rencontres avaient lieu simultanément, mais je vais poser ici quelques notes (à l'état brut) prises au fil des heures.

Je commence aujourd'hui par la table ronde finale (c'est mon blog, je fais ce que je veux...), qui me semble être un épitomé des questionnements de ces journées.

Intitulé : "Mauvais temps pour la pensée"

Présentation : "Dans un contexte idéologique où la productivité devient une valeur cardinale, quel temps reste-t-il aux chercheurs pour mener à bien des travaux de qualité ? Quel temps reste-t-il aux comités scientifiques pour les évaluer ? Quel temps pour les lire ?

Participants :
Eric Aeschimann
(journaliste à Libération, critique d'essais),
Pierre Judet de La Combe
(EHESS - philologie du grec ancien),
Christophe Prochasson
(Ed. EHESS),
Philippe Simay
(La Vie des idées),
Stéphane Bureau
(Ed. Armand Colin)

Modérateur : Jacques Munier (producteur de l'émission "A plus d'un titre" sur France Culture)

CP
- Trois temporalités dans le temps du philosophe : rapide (journal), intermédiaire (revue), long (livre).
- Age d'or des années 60-70 : le temps des paradigmes (non remplacés).
- Les livres sont menacés dans le système d'évaluation qui se met en place pour la recherche (comptent moins que la publication d'articles dans des revues).
- Revendication d'un coeur de métier qui suppose un éloge de la lenteur.

EA
- Réticences à entrer dans le sujet sous l'angle de la menace extérieure.
- Il existe des contradictions internes à la production de sciences humaines et sociales;
- Frilosité actuelle de l'édition face aux "grandes idées" + production émiettée sur le plan intellectuel + effet d'hyperspécialisation (pointillisme) = perplexité du journaliste-critique.
- Temps bref du journalisme, des médias
- Ambiguïté dans la demande : livres qui apportent un éclairage sur le réel ("intellos" très sollicités depuis la fin des années 70 - début des années 80 pour dire le vrai) ; mais ne doivent pas trop bousculer les lignes, pas tout détricoter. Des sciences humaines et sociales, oui, mais jusqu'à quel point ?
- Au chercheur, on demande une expertise précise.
- Demande symptomatique d'essais faciles + "scandale de la vérité".

PS
- Malaise dans la production : les critères d'évaluation deviennent aberrants.
- Surspécialisation - cloisonnement des disciplines
- Production de textes courts, qui livrent leur vérité dans l'instant (pas de diachronie);
- Mais la production intellectuelle se porte bien. Un livre sans travail et sans idées n'intéresse personne (= aucun chercheur), même s'il se vend.
- Il faut une substance individuelle.
- Incroyable demande de sens de la part de la société civile (cf. succès des universités populaires, des cours du Collège international de Philosophie,...)

PJdeLC
- Domaine de la connaissance pure : crise interne ET externe.
- Opposition savant/journaliste (cf. Bourdieu).
- Autre temporalité de la recherche : connaître plus qu'informer. Nécessaire retrait du chercheur.
- Espace scientifique = espace de controverse (pas de concurrence).
- Or, menace d'un modèle darwinien de sélection au coeur de l'université.
- Menace interne : mort programmée du livre (au bénéfice des revues).
- Menaces sur l'université comme lieu d'autonomie intellectuelle.

SB
- La demande des étudiants évolue.
- Politique d'Armand colin dans une double direction : essais (pour l'immédiateté) ; fonds à valeur patrimoniale (ouvrages de référence)

CP
- Le système d'évaluation des chercheurs les pousse plus à publier des articles dans revues prestigieuses (en nombre très limité) qu'à publier des livres.
- Mais beaucoup de vitalité dans la publication ET forte réactivité de la communauté scientifique.
- Les éditions de l'EHESS ne produisent pas seulement des livres, mais aussi des débats.
- Chercheurs et journalistes devraient travailler ensemble.

JM
- Le public, avide de compréhension, demande de l'expertise.
- Rôle important des petits éditeurs qui prennent le risque d'éditer des ouvrages exigeants.

PS
- La Vie des Idées se situe en fin du temps des idées, dans une temporalité proche de celle des libraires. Les chercheurs y font des comptes rendus (gratuitement) pour maintenir le marché du livre en SHS.
- Attention portée aux petits éditeurs, qui ont moins de moyens en terme de services de presse.

EA
- Pour penser, faut-il une institution, et cela suffit-il ? Cf. dernier cours de Foucault : le vrai philosophe est celui qui a une vraie vie (philosophe professeur vs philosophe engagé dans la vie).
- Les chercheurs revendiquent une autonomie, mais aspirent à être payés par l'Etat.
- Problème des livres collectifs : en tant que journaliste, "ne les regarde même pas", car incertain d'y voir à l'oeuvre une pensée qui agit "par mauvais temps".

JM
- Les ouvrages collectifs sont une chance pour les jeunes chercheurs.

JS
- Ils peuvent être une manière facile de faire un livre, mais ce sont parfois des livres qui font bouger la pensée des sciences humaines.

PJdeLC
- Les universitaires sont plutôt moins en danger que le reste de la population.

SB
- Armand Colin = aussi éditeur de revues.
- Importance de l'appui du CNL à la petite édition.
- Multiplication des ouvrages témoigne de l'essor de la pensée en mouvement.
- Tirage moyen en SHS : 3000 (mais le plus souvent 1500 ex. par ouvrage).
- Problème de la charge administrative croissante qui repose sur les chercheurs.

JM
- Apparition de nouveaux termes : par ex. "capitalisme cognitif".

CP
- Les livres collectifs sont-ils de vrais livres ou des recueils d'articles ?
- La façon de faire la science sociale est de plus en plus collective.
- Les chercheurs ne sont pas hostiles à l'idée d'évaluation, mais l'université est malade. Qui évalue ? Comment ? Sur quels critères ?

JM
- Les ouvrages collectifs permettent le comparatisme (ex. : Ce que le genre fait aux personnes, éd. EHESS).

PS
- La Vie des Idées = réflexion sur l'accessibilité.
- Gratuité + espace + temps = correspond bien aux mouvements de la pensée dans les SHS.

EA
- Demande de sens ne signifie pas exactement demande d'expertise.
- Le lecteur veut voir une pensée en oeuvre.
- Les essais vraiment intéressants percent.