J'ai réussi à récupérer quelques posts de mon ancien blog Thécaire en e-veille. En voici un :
Une petite dame assez âgée s'approche : "TRRRouvez-moi un beau RRRoman d'amouRRR. Un peu... vous savez...? mais pas tRRRop quand même, hein !"
Accent du sud, R très roulés, visage très souriant.
J'essaie de lui faire préciser son cahier des charges. Surtout pas un roman historique. Pas une histoire qui se passe pendant la guerre. Une belle histoire, bien écrite. Pas trop moderne, mais un peu. Surtout, des scènes d'amour, mais pas trop crues : "J'aime pas quand ils montrent tout". Je lui propose que nous regardions ensemble une bibliographie "romans d'amour" établie récemment par des collègues. Elle ne veut pas. Ce qu'elle veut, c'est que JE l'aide à trouver SON livre : "Vous devez bien en connaître, vous !"
Elle précise : "Une fois, une bonne soeur m'en a fait lire un. Elle était bien coquine, celle-là". Ah ouais ? Je me branche sur ce qu'elle dit, tente d'entendre ce qu'elle ne dit pas. Pendant que nous nous promenons ensemble entre les rayons, je fais des fouilles dans ma mémoire. Qu'est-ce qui pourrait bien lui plaire ?
Soudain, elle tend le bras, attrape un livre en rayon, me remercie... et part vite le faire enregistrer. J'ai envie de la suivre pour voir ce qu'elle a choisi ; je me l'interdis. Pourquoi, parmi les milliers de livres à sa disposition, a-t-elle pris celui-là ? Lequel, d'ailleurs ? Qu'a-t-elle repéré au dos de ce livre ? Quel petit signe a pu rencontrer ainsi son désir ? Les couleurs ? L'épaisseur ? Un mot capté plus ou moins consciemment ?
Il est où, le coeur du métier ? Je me le demande, un peu... mais pas trop !
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